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Bekili, chef de district, a un
générateur donc ouf pour la recharge
de mon appareil. Déjà 433 photos
prises sur les chemins de ma boucle Tananarive,
Toliana, Tolanaro, Tananarive. Ces derniers jours
j’ai, en moyenne, parcouru 120 kilomètres
par jour. Cinq ensablements où, heureusement
l’aide n’a pas tardé à
venir. Souvent nous donnons aux enfant quelques
vivres ou un peu d’argent pour les remercier.
A Bekili je suis dans un ‘merveilleux’
petit motel, à l’extérieur
du village. 5 bungalows, bien équipés,
propres, W.C et salle de douche où l’on
pourrait se tenir à dix mais pas d’eau
chaude. Et électricité de 8h00 à
10h00. Hier il a plu et les flaques se sont agrandies
; mais aujourd’hui plein soleil… Espérons
que demain la route sera meilleure, moins glissante,
et les flaques moins profondes. A Bekili seulement
quelques camions arrivent chaque semaine pour
apporter carburant (que l’on livre en fûts
de 200 litres, comme à l’époque
de ma jeunesse au Congo ex-belge), et produits
de première nécessité. Dans
les villages avoisinants, pas d’eau courante
ni d’électricité.
Pendant ces trois semaines passées
à Madagascar je ne verrai que quelques
touristes dans deux magasins d’artisanat
. Quand aux hôtels, je suis toujours seul.
Un belge fait à peu près le même
circuit que moi dans une grosse Mitsubishi 4 x
4. Il va visiter quelques dix antennes relais
pour soumissionner à qui mieux- mieux contre
firmes françaises, américaines,
allemandes… Sur les marchés peu de
variétés de légumes. Tomates,
concombres, oignons sont présents, mais
trop souvent en très faibles quantités.
Il n’y pas de transport puisqu’il
n’y à rien à exporter et pas
de pouvoir d’achat, donc rien n’est
importé. Riz, sucre, sel, sont vendus à
la mesure dans de petites boites ayant servi au
concentré de tomates. Une femme se tient
assise toute la journée devant une dizaine
de fagots de quatre branches chacun. Un enfant
vend des bouteilles vides en plastique ou en verre…
Un peu de tabac est vendu, tressé en cordes,
au centimètre. L’essence est servie
à partir de récipients gradués
et d’entonnoirs à un euro le litre…ce
qui est bien entendu hors prix pour les gens du
pays. Ici on se déplace en chars tirés
bien souvent conduits par des enfants d’une
dizaine d’années.
Peut-être faudrait-il faire comprendre
à nos enfants d’ici ce qui se passe
ailleurs.
Dans chaque famille ce sont quatre, dix, seize
enfants et ils jouent dans la rue avec des bouts
de fil de fer ou des bouts de carton…
Comment un pays peut-il se développer
alors que le taux d’accroissement de la
population est fulgurant et la production faible
et stagnante ?
Mais merveilleux pays quand même pour sa
population accueillante…
Coin d’ombre qui affirme mieux l’image
? Que feront demain tous ces enfants scolarisés…?
Il paraît que les gouvernent, hier, se sont
remplis les poches, mais qu’aujourd’hui
cela va mieux. Un gendarme m’a dit qu’il
gagnait 50 euros par mois, que sa femme évangélisait
les faubourgs. Son loyer est de 10 euros…
Que lui reste-t-il pour vivre avec ses deux enfants
?
Bekili, lieu au centre de nulle part ; un hôtel,
un dispensaire, une piste d’aviation désaffectée,
le tout étant revenu à l’état
de brousse. Un petit avion parvient à se
poser deux fois par mois, et apporte approvisionnement
ou secours d’urgence.
Après la période coloniale, qui
a exploité le pays, s’agit-il d’un
retour de 50 ans en arrière ?
A Madagascar le développement est-il possible
? Avec cette population qui croit de manière
exponentielle et une production stable…
Mais aussi avec une mentalité pleine de
croyances enracinées dans les schémas
ancestraux ? Ici le zébu est l’expression
même de la richesse et de la puissance.
Quand un propriétaire de zébus meurt
il est mis en bière et reste parfois plusieurs
mois dans sa demeure, dans le living, en attendant
que la famille soit prévenue. Et puis,
dans une grande fête, on tue les animaux,
pour les offrir à la famille et aux amis…Tous
les zébus y passent et tant que tout n’est
pas mangé la fête continue. Les croyances
sont du même type qu’au Mali…
Arbres bouteilles, baobabs, flamboyants, lémuriens
de diverses espèces, et qui s’observent
de jour comme de nuit, sont de nature à
attirer les touristes, sans compter les étendues
infinies de plages ou le corail fait merveille…
Suite....
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